La Rédaction
Démocratie Participative
06 décembre 2024
L’armée syrienne s’est évaporée. Cela fait près d’une semaine qu’on ne la voit nulle part.
Les djihadistes d’Al Nosra (rebaptisé « HTS » en 2017) approchent de Homs (troisième ville de Syrie), au sud de la ville de Hama (cinquième ville de Syrie).
Sur le papier, la ville de Homs est censée être la principale ligne de défense de l’armée syrienne, mais à ce stade c’est incertain. Elle semble s’être entièrement désintégrée.
Le commandement militaire de l’opposition syrienne annonce qu’il contrôle Talbiseh dans la campagne de Homs.
Talbiseh se trouve à environ 10 kilomètres au nord de la ville de Homs.
Syrian opposition military command announces control over Talbiseh in Homs countryside.
Talbiseh is approximately 10 kilometers north of Homs city. pic.twitter.com/CijuFkIOAm
— Clash Report (@clashreport) December 6, 2024
Il n’est pas inutile de rappeler la généalogie de ce groupe qui n’est rien d’autre que le Front al Nosra, la branche d’Al Qaeda en Syrie. Elle a été fondée et dirigée par Abou Mohammed Al Jolani en 2012 avec le soutien de l’État Islamique d’Abou Bakr Al Baghdadi, situé en Irak.
Jadis ennemi juré des États-Unis, il est aujourd’hui un invité courtois de CNN.
Le chef des rebelles syriens déclare que l’objectif est de « renverser » le régime d’Assad
Syrian rebel leader says goal is to ‘overthrow’ #Assad regimehttps://t.co/Hb93VxZW4S pic.twitter.com/zdZC89Uz3T
— Qusay Noor (@QUSAY_NOOR_) December 6, 2024
L’EI d’Irak décrète l’absorption d’Al Nosra en 2013 pour donner naissance à ce qui sera connu comme « l’État Islamique en Irak et au Levant » que nous connaissons sous le nom d’EI (ou « Daesh »). Al Jolani, le chef d’Al Nosra, refuse cette OPA hostile des djihadistes irakiens et préfère conserver son autonomie en prêtant allégeance à Al Qaeda international dirigé par Ayman al Zawahiri, lieutenant et successeur d’Oussama Ben Laden.
Abou Bakr Al Baghdadi refuse cette décision et décide d’intervenir en Syrie où la guerre éclate entre l’EI et le Front al Nosra en 2014.
Abou Bakr al Baghdadi, allié puis concurrent d’Abou Mohammed al Jolani
En 2016, Al Jolani, en accord avec Al Qaeda, opère un virage tactique en rompant officiellement avec Al Qaeda et les éléments les plus radicaux du programme djihadiste, prérequis à une normalisation négociée avec les USA via la Turquie. Cette modération purement médiatique doit faire baisser la pression des opinions publiques occidentales sur l’OTAN et permettre un accord tacite entre Al Nosra et les USA contre le gouvernement syrien.
À cet effet, le groupe Hayat Tahrir al-Cham est fondé en 2017, le HTS actuel.
Replié dans la province d’Idleb, il est concurrencé sur place par l’Armée Nationale Syrienne, une faction rivale armée et financée par la Turquie.
Pendant six ans, Jolani établit sa domination sur la province et crée un embryon d’état salafiste qui adopte une position pragmatique et évite les excès les plus violents des autres groupes djihadistes.
Cette tactique vise à endormir les diverses minorités religieuses ou ethniques de Syrie afin de les détourner du gouvernement syrien de Bachar al Assad, leur protecteur traditionnel. Naturellement, en cas de victoire, les djihadistes procéderaient à leur liquidation progressive.
Al Jolani, d’origine syrienne, développe indubitablement un courant plus nationaliste que le courant internationaliste que représente Al Qaeda. S’il est un djihadiste pur et dur, il est aussi beaucoup plus flexible tactiquement, ce qui lui offre des capacités de manoeuvre politique que n’ont pas les djihadistes traditionnels. Pour cette raison, il est l’homme le plus intelligent et le plus dangereux de Syrie.
Le chef des HTS, Abu Mohammed al #Jolani, apparaît en public devant l’ancienne citadelle d’Alep.
Des scènes incroyables
HTS Leader Abu Mohammed al #Jolani appears in public infront of the ancient citadel of #Aleppo
Unbelievable scenes#Syria pic.twitter.com/QGv3wdkU2q
— Broderick McDonald (@BroderickM_) December 4, 2024
Il est avéré que Jolani a noué des contacts importants avec le régime de Kiev dans leur guerre commune contre la Russie et l’Iran.
De leur côté, si les juifs de Tel Aviv sont de chauds partisans du djihadisme en Syrie dans la mesure où il fragmente le pouvoir central pro-iranien, l’idée de voir Damas être prise par des forces soutenues par la Turquie est quelque chose qu’ils ne sont pas prêts à avaler.
Les juifs haïssent Assad, mais comme le dit cet agent du renseignement militaire de Tel Aviv, Poutine permet aux juifs de frapper tant qu’ils veulent en Syrie. Cela pourrait être radicalement remis en cause une fois Assad renversé au profit d’islamistes alignés sur Erdogan.
« Nous devons soutenir Assad parce que son maintien au pouvoir correspond aux intérêts d’Israël… Assad est un homme faible qui sert nos intérêts. Nous devons soutenir l’existence d’Assad ».
– Eliyahu Yosian, ancien officier de renseignement de l’Unité 8200 d’Israël, s’adressant à @Now14Israel.
“We must support Assad because keeping him in power aligns with Israel’s interests… Assad is a weak guy serving our interests. We must support Assad’s existence.”
— Eliyahu Yosian, ex-intelligence officer from Israel’s Unit 8200 speaking to @Now14Israel. pic.twitter.com/o9fTUGY18U
— Dilly Hussain (@DillyHussain88) December 5, 2024
Si Erdogan ne veut pas d’un conflit armé avec Tel Aviv, il soutiendrait les factions islamistes de Palestine et de Jordanie pour y étendre son influence. Israël serait cerné par des radicaux sunnites à la place des forces pro-iraniennes, ce qui, à terme, créerait un environnement extrêmement inflammable.
Tel Aviv a annoncé que la chute de Homs serait pour elle le feu vert à l’annexion de territoire supplémentaire en Syrie.
Des responsables israéliens auraient annoncé aux États-Unis et à leurs alliés régionaux qu’ils lanceraient une opération terrestre dans le sud-ouest de la Syrie afin d’établir une « zone tampon » si les forces rebelles parvenaient à s’emparer de la ville de Homs.
Israeli Officials have reportedly told the U.S. and Regional Allies, that they will launch a Ground Operation into Southwestern Syria to establish a “Buffer Zone” if Rebel Forces manage to Capture the City of Homs.
— OSINTdefender (@sentdefender) December 5, 2024
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